Contre la démagogie libérale : le protectionnisme pour la justice économique

Day 761, 04:16 Published in France France by Ivan Dusaiks


Libérer les riches de leurs entraves pour le bonheur commun ? Y'a bon !


Aujourd'hui, la guerre fait rage au congrès. Non pas au sujet du partage du pouvoir, comme de coutume, pour savoir qui l'on emmerdera un peu plus avec un nouveau règlement sur-mesure, mais, chose surprenante, au sujet des taxes. Naturellement, vous aurez compris que je prends ma plume combattante pour démystifier les affirmations oiseuses d'un certain hubert, qui se paie sa pub dans la colonne pub de droite (comme quoi) pour déballer sa propagande toute idéologique.

En fait, j'irais même jusqu'à dire que ce genre d'article est complètement démagogique, et relève d'une méconnaissance profonde à la fois des principes du calcul et des mécanismes du jeu, parce qu'il oublie deux choses absolument essentielles. D'une par que les entrepreneurs sont motivés par un point essentiel, c'est le gain qu'ils peuvent en retirer, d'autre part que le marché des matières premières n'a rien à voir avec celui du secteur manufacture, et procède de mécanismes que l'on ne peut ignorer sans commettre de faute grave dans notre raisonnement. Mais puisqu'on aime bien le pain et les fromages (je n'ai pas lu l'article, les néoclassiques à la hubert sont toujours comiques à force de théories fumeuses aux principes fantasmés, mais j'ai pas que ça à faire), je vais vous produire deux petites fictions pour illustrer mon propos :

- Cas n°1 : Un joueur dispose pour une raison quelconque de 450 golds. Sur le marché, il voit des armes française à 1.1 gold, et avec les salaires, il se rend compte qu'il peut en produire pour 0.8 golds. Ce qui fait une marge théorique de 0.3 golds par arme. Une entreprise moyenne en sortira une douzaine par jour, soit le gain mirifique de 3,6 golds. Il peut donc gagner 25 golds par semaine, ce n'est pas énorme, mais ça n'est pas rien non plus. Évidemment, le marché local est protégé des importations étrangères, ce qui fait qu'il a pu profiter de cette niche pour ouvrir son entreprise, attiré par le gain, en faisant mécaniquement baisser un peu plus les prix.

- Cas n°2 : Un joueur dispose pareillement de 450 golds. Cette fois-ci, il joue en HubertLand, les taxes sont toutes à 0%. C'est l'état-sveltesse, tous au régime. Les armes en question se vendent 0.85golds, pour une grille salariale inchangée, puisque le prix le permet encore. Notre bonhomme fait ses calculs, il voit qu'il peut retirer 0.05 golds par item, soit la somme fabuleuse de 0.6 golds par jour. Pour 450 golds d'investissement, il a un peu l'impression qu'on se fout de sa gueule, et se lancera dans la spéculation monétaire, ou dans un autre secteur s'ils ne sont pas tous ouverts aux quatre vents. Voire dans un pays qui aura protégé son marché.

Dans le cas n°1, on gagne une entreprise française, le produit reste un peu plus cher, les salaires suivent logiquement (une entreprise de plus crée une hausse des salaires, aussi infime soit-elle), mais globalement le PIB augmente. Dans le cas n°2, nous avons gagné des dizaines d'entreprises étrangères qui verrouillent notre marché et se partagent notre gâteau. Mais poursuivons la logique de ce cas-ci.

Suite du cas n°2 : Cette fois-ci, prenons le cas d'un travailleur du weapon. Il a un salaire donné, qui nous importe peu. Avec son salaire, il va se payer ses armes. Chouette ! Un peu de consommation. Il se prend donc une belle arme russe, pas chère du tout, produite par des mecs payés encore moins bien que lui. Donc, à grande échelle, puisque tout le monde achète le premier de la liste du marketplace avec raison, son boss conservera son stock, et pour vendre, il baissera son prix et ses salaires. Si l'on pousse cette logique jusqu'à son terme, il est raisonnable d'attendre que le prix de l'arme en question se réduise, mais seulement pour ce qui est de la part salaires. Le prix des matières premières, lui, n'a aucune raison (structurelle) de diminuer, puisqu'il ne dépend que d'une seule chose : le nombre de travailleurs en land, ou plutôt leur nombre rapporté à celui de travailleurs en manufacture. Ce qui nous conduit à la simulation suivante :

* Avant la baisse des prix, le travailleur était payé 15 pour produire exactement une seule arme par jour. Les matières premières valant 15 elles aussi pour l'arme en question. Donc, théoriquement, il peut se payer une arme à 30 tous les deux jours avec son salaire de 15.
* Après la baisse des prix, notre cher travailleur est payé 6 pour produire exactement une arme par jour. Le raw, dont le prix est fixe lui aussi (il dépend d'abord du nombre de salariés en land) coûte 14FRF parce que l'indonésie a décidé de former massivement toute sa nouvelle génération en land. L'arme coûtera donc 20, notre bonhomme pourra donc s'en payer une tous les 3,33 jours. Immense gain pour le fameux "pouvoir d'achat", défendu par notre démagogue ! Joie dans les chaumières, allégresse, bonheur, baisse des prix, etc.

Voilà donc à quoi conduirait une ouverture généralisée des marchés. A ce qui est déjà à l'œuvre actuellement, à savoir une baisse généralisée des salaires en manufacture, qui ne conduit qu'à une réduction bien moindre du prix des produits, celui du raw étant grossièrement fixe. Et je n'évoque bien entendu pas les pertes colossales de gold que cette pratique d'ouverture des marchés a engendré, parce qu'il ne faut pas être bien savant pour savoir que cela peut se chiffrer en centaines de gold par semaine.

Au contraire, la protection de notre marché provoque tendanciellement un alignement progressif du coût des produits et des salaires versés, jusqu'à ce que la création d'entreprises soit une affaire modérément rentable, et qu'aucun nouvel acteur ne décide de faire son apparition. Certes, nous ne rejoindrons jamais les meilleurs prix mondiaux, et il y aura des fuites minimes par le marché noir, mais nous assurons là un développement endogène, qui nous assure la conservation de nos ressources et une réduction des marges à un niveau raisonnable. L'enjeu étant que certains se décident à se lancer.

Naturellement, défendre une marge correcte pour assurer notre développement est très éloigné du populisme bas de gamme qu'on peut trouver ailleurs, oui, des prix légèrement supérieurs sont inévitables, mais puisque les salaires doivent mécaniquement suivre, cela ne représente pas vraiment une injustice sociale. Contrairement à la ruine des travailleurs du manufacture, qu'on devrait, avec cette logique, exploiter au nom du fanatisme du plus bas prix, qui pour le coup avantagerait une catégorie de joueurs bien précise : ceux qui possèdent du capital, dont la valeur ne dépend pas du prix des produits, parce que possédant des entreprises à la rentabilité assurée.

Comme quoi, on ne se refait pas. Le libéralisme fanatique ne défend que les possédants, que ce soit dans la réalité ou dans un monde virtuel.


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