Scène 3-Voyage vers les limbes

Day 1,649, 06:06 Published in France Brazil by ramitro


Sam.D.Ramitro ou une errance dans l'emmonde
Scène 2-Voyage vers les limbes

Dimanche 20 mai 2012-12h46-Paris(France, occupation Hongroise)-En attente d'un bus

Assis et immobile, mon corps s’enflammait sous le soleil brûlant et mes yeux fixés sur le bout de la rue attendaient patiemment ce bus qui me ferait don de l'ombre et de la fraîcheur.
Il arriva et ouvrit ses portes. L'aimable sourire du conducteur m'invitait à le rejoindre, pour ce long et pénible voyage.

Tel un automate, je m'asseyais au premier siège venu et tentais, vainement, de me reposer pour oublier ce que j'ai enduré.
Mais alors que mon esprit délabré s'évadait, une main dure et ferme vint me taper sur l'épaule.
Un vieil homme me parlait, fortement et avec un horrible accent venu de l'Est, de quelque banalité, faisait de grands gestes et essayait de se rendre sympathique. Ne comprenant que la moitié de ses dires, je souriais régulièrement pour paraître poli et mettre fin à la conversation.
Mais le bruit ne s'arrêta pas là.

Un jeune homme se raidit sur le fond de se son siège et se cachait derrière sa capuche pour se donner un air, mettait en boucle avec son téléphone la même musique ricochant sur les parois de ce bus.
Un bébé armé d'un hochet et s'essayant aux percussions, frappait tout le temps sur la rampe en métal.
Une femme déblatérait à haute voix sa vie morne et sans intérêt, assourdissant un peu plus l’atmosphère.
Ajouté à cet immonde orchestre, le raffut des roues rebondissant sur les pavés des ruelles Parisiennes.
Cette sordide fanfare défilait fièrement dans la capitale, cette fanfare invisible où je fus le seul auditeur.

Si je ne pouvais dormir alors je travaillerais. Je sortis quelques dossiers sans vraiment y réfléchir. Le temps est peut-être venu de vous parler de mon travail.

Je sème la mort et la désolation, j'anime les fureurs des hommes et j'exerce un sombre commerce avec la sombre faucheuse. Car je suis celui qui porte des centaines de stèles sur le dos, celui qui transforme la bêtise primitive de l'homme en argent, celui pour qui son passage est synonyme de douleur et de désespoir.

Je suis tout simplement marchand d'armes, rien de plus.
Aux quatre coins du monde une guerre éclate, je réponds donc à l'appel pour les mener à bien......

La dernière note de cet infâme tintamarre fut le bruit strident des pneus freinant sur le bitume carbonisé, et tel le maître d'orchestre, le chauffeur de bus mit fin à cet ignoble opéra.

Je venais d'arriver à mon but, l’Aéroport d’Orly.
Je marchais lentement jusqu'à la caisse pour faire valider mon ticket. Avançant entre les annonces pour des pays exotiques et les fulminations de clients insatisfaits lacérés par l'attente.

J'arrivais enfin devant la charmante standardiste et je lui tendis mon ticket :

- Oh, classe affaire !
- C'est ça.
- Où partez vous ? Dans un pays lointain ? Japon ? États-Unis ? Chine ?
- Pas exactement.

Son joli sourire se crispa quand elle aperçu sur, mon ticket, ma destination.
Je repartis calmement.

Porte C. Vol 340. Destination : Machhad, Iran.

Dimanche 20 mai 2012-15h51-Paris(France, Occupation Hongroise)-S’apprêtant à prendre son vol.

To be continued