Dans l'enfer de l'Indonésie

Day 3,607, 10:01 Published in France USA by Petauriscle



Tout avait bien commencé. Un check rapide sur ses outils avait mis tous ses voyants au vert, cette guerre en Indonésie allait lui rapporter une victoire sans coup férir avec sa médaille bien sûr. Et l’or. Le nerf de la guerre, la thune, le blé sous sa forme la plus pure.

Dopé aux boosters il avait livré une profusion de duels, moissonnant de jeunes lieutenants, déjouant les pièges des vieux cons avant d’atteindre un nombre conséquent de millions au compteur. Le temps imparti autorisant les guérillas venait de s’achever quand l’improbable se produisit.

Un péruvien armé jusqu’aux dents arrosait l’ennemi sous un déluge de flammes et de tonnerre. Les corps s’amoncelaient au point de former par endroit des monticules derrière lesquels des soldats tentaient vainement de s’abriter. La scène virait au rouge. Le tir cessa, il regarda son compteur ; le péruvien était passé devant d’une courte tête.

Ne plus bouger, attendre le dernier moment pour bondir tout en restant aux aguets pour que le péruvien ne prenne pas trop le large. Ses yeux papillonnaient entre le chronomètre et les différents indicateurs de score. Tic-Tac. Tic-Tac. Peu à peu on approchait du moment où il allait falloir défourailler du lourd. BANG ! Le Péruvien lança l’attaque bien plus tôt que prévu. Trop tôt. Il actionna malgré tout ses autofires. Les compteurs s’affolèrent, le champ de bataille ressemblait à la gueule d’un gigantesque volcan en éruption.

Le chronomètre défilait maintenant à toute allure vers son propre trépas et le péruvien maintenait une légère avance. Il allait perdre. 10… 9… 8… Dans un sursaut de rage il lança sa main vers le bouton rouge puis hésita devant le sacrifice. Le prix à payer allait être lourd. Un éclair blanc traversa le paysage disloquant chaque liaison atomique vivante ou morte, réduisant à une purée submoléculaire des dizaines de milliers de kilomètres carré de terre. Il avait appuyé, the big bomb faisait son œuvre. L’autofire puisait dans ses dernières ressources d’énergie quand le chrono pris fin.

Il respira. Cette mission était un échec cuisant. Une débâcle économique. Malgré ce froid constat il sourit. Une médaille d’héros de bataille empanachait désormais et à jamais son profil de citoyen.

Les yeux du joueur quittèrent l’écran et s’écarquillèrent en se fixant sur la porte du salon plongé dans une semi obscurité. Une silhouette massive revêtue d’un poncho se tenait dans l’encadrure. La gueule béante du canon d’une arme lourde se leva sur le joueur. « Ola, amigo » furent les derniers mots qu’il entendit.