Les théories du déclin, entre fantasmes et remèdes dangereux
Ivan Dusaiks
La décadence morale, toujours accusée d'être à l'origine de déclins supposés.
Il semble de rigueur, bikinis et plages obligent, de ressortir ce que les journalistes nomment les marronniers dans leur jargon, à savoir le sujet éculé qui fait vendre à un moment donné de l'année. Pognon vers noël, cul l'été ; erepublik semble avoir choisi la décadence, voire l'annonce prochaine de la fin du monde sous des atours étymologiques tout de même plus seyants. Qu'importe, le résultat et les propos sont les mêmes.
Ainsi, le constat de l'inexorable déclin de la « nation française » est posé. Sans rire. Sur des accents aux trémolos proches de ceux de Finkielkraut qui se lamente de l'apocalypse qui attend sagement notre « nation » réelle, l'on nous balance à la gueule et en tous sens ces demi-vérités éculés : stagnation de la population, accaparement du pouvoir par l'élite d'irc, les vieux qui ont tout, les jeunes que personne n'aime, tant et si bien qu'on se croirait presque revenus à la belle époque du PSD, la nostalgie du bon vieux temps où l'on te donnait la main, de gré ou de force, mais surtout de force, pour t'intégrer, apprendre la langue du pays d'accueil, se glisser dans les coutumes locales pour être un brave citoyen, et autres avatars sympathiques des plus plaisantes des thématiques politiques du monde réel. La belle époque où l'on réclamait à cor et à cris larmoyants plus de parrains pour coller aux culs des filleuls, plus de lien d'étouffement social, plus de dressage à la discipline militaire.
Preuve de l'excellence de ce modèle, notre population qui atteignait jadis 15000 âmes électroniques en compte désormais 3500, les jours de beau temps avec le vent dans le dos. C'est dire s'il est le mieux à même de retenir la chair fraîche tant appelée des vœux consensuels de nos chères élites aspirantes.
En réalité, si stagnation il y a, elle n'est pas tant due au manque d'action de cohésion sociale qu'à leur surabondance, au manque de perspective offert par une logique de tout ou rien, et, bien entendu, par une stratégie de développement du jeu désastreuse, où les règles influant profondément sur son identité changent tous les deux matins, sans que l'enjeu de cohérence outrepasse la logique de rentabilité pure.
Ni publicité extérieure, ni même d'encouragement à recruter d'autres joueurs par des procédures trop longues avant l'obtention d'une récompense somme toute ridicule, toute la stratégie marketing repose sur le fait que des joueurs auraient intérêt à amener d'autres joueurs. Si c'était le cas en beta, ou au début de la V1, c'est aujourd'hui très discutable, et la maigreur des avantages personnels collectés ne donne guère envie de dépenser son temps à cela. Reste l'intérêt national et nationaliste pour certains pays ; nous n'avons que peu de fanatiques de ce genre, et c'est peut-être mieux pour l'ambiance générale locale.
Bien entendu, il serait décidément trop flatteur de ne blâmer que la technique et les errances du développement ; nos tâtonnements en matière sociale ont aussi eu et ont toujours des incidences à long terme sur ce chiffre de population, regardé avec angoisse et gouttes de sueur, à l'instar de la règle que l'on tient au plus près d'un pénis.
Comme je l'ai déjà évoqué dans de nombreux articles, notre politique en matière d'intégration demeure calamiteuse. A vouloir en effet intégrer à toute force des joueurs qui débutent, à vouloir les harponner d'emblée pour les faire entrer in fine dans le saint des saints, l'armée régulière, seul objectif chiffré intéressant la statistique militaire, par des dispositifs de parrainage envahissants, nous avons perdu de trop nombreux joueurs. Au lieu, en effet, d'avoir proposé une palette de niveaux de jeu, les nouveaux ont pu être submergés par l'ampleur des attentes à leur égard en termes de participation, et donc de temps à consacrer à ce qui ne reste qu'un bête divertissement, pas même intelligent. La méthode du tout (l'armée, le pognon, la politique, l'investissement massif en temps) ou rien (dehors) a très certainement plus accéléré notre naufrage statistique que le déficit d'information relatif et le manque de lien social tant décrié ailleurs.
A cela, de nombreux remèdes ont été proposés, et le plus significatif reste celui de démocratie participative cher au Parti Koinmuniste, mais qui, sous la forme généralement retenue et exprimée, souffre elle aussi de trop d'imprégnation de la vie réelle et de ses enjeux en termes d'égalité stricte. Là encore, l'indifférenciation revendiquée en termes de participation et de temps de contribution (disons crédit-temps dans la suite de l'article) aurait quant à elle, au lieu de faire fuir le petit peuple combattant, comme l'a fait la politique d'intégration PSD-CA, entravé l'essor d'une aristocratie suffisamment étoffée pour maintenir le système à flot dans le cadre de crédits-temps disparates ; les plus disponibles et compétents héritant de fait des pouvoirs qu'ils seraient en mesure d'assumer, dans un système idéal.
Quelques tentatives ont eu lieu, mais rien de significatif n'a réellement été fait, et si nos élites sont aussi clairsemées, c'est plus pour des raisons de conservation de pouvoir par certains, qui ont été trop gourmands, s'en sont mordu les doigts et se sont retirés, alors qu'ils avaient bien trop complexifié la machine d'état pour passer le relais, que par la pression externe du PK en faveur d'une participation populaire qui n'a jamais été concrétisée.
N'en déplaisent aux tenants de l'efficacité et de la bonne gestion financière, la paranoïa avec laquelle a toujours été géré le trésor français, ainsi que sa dépense, par la mise en place de systèmes de rétribution hautement complexes à niveaux de contrôle multiples, à l'instar de ce merdier de module de distribution d'armement, a plus contribué à tuer le jeu français que le consensus mou ou les sempiternelles querelles politiques, qui au moins insufflent un peu de vigueur. Désormais, l'appareil d'état est si complexe qu'en concéder la gestion est devenu culturellement impensable, que changer de têtes est devenu un doux rêve, et les gouvernants nouvellement élus se retrouvent souvent confrontés à l'immense machine et à ses gardiens du temple de la paperasse, sans avoir aucune marge de manœuvre puisqu'on ne peut rien bouger sans l'accord de cette administration souvent de mauvaise volonté et consciente de son pouvoir par l'incapacité technique de les remplacer en raison de l'indéchiffrabilité du système bureaucratique qu'ils ont mis en place.
Les causes première de cette stagnation n'ont donc rien à voir avec le sentimentalisme pionnier ni la fermeture culturelle supposée du jeu, et encore moins avec un entre-soi relationnel cautionné par les institutions, mais plus aux excès de prise en charge, d'une incapacité à se détacher des règlements et des procédures, d'un manque d'alternative entre l'obligation de la contribution militaire ou la marginalisation, et surtout d'une incapacité à accepter le risque de l'erreur, le risque d'un modèle de gestion qui ne soit ni un clone de l'union soviétique comme nous l'offre encore le courant alternatif ni la communauté hippie du PK où les membres n'ont que ça à foutre de discuter toute la journée de problématiques de gestion.
La vérité n'est d'ailleurs même pas entre les deux, car aucune vérité ne sourd d'un compromis entre deux bêtises, comme on aurait tendance à le croire en politique IRL. La solution consiste à penser en termes de divertissement, d'attraction, de mobilité et surtout de simplification. Que l'on puisse entrer et sortir de l'armée comme d'un moulin. Que l'on puisse choisir de participer à telle opération et pas à telle autre. Que l'on puisse passer de la gestion d'effectifs militaires à la gestion du budget en termes d'évolution politique. Que l'état cesse de raisonner en termes de profitabilité maximale et de pertes minimales. En un mot, faire acte de l'impossibilité de la rigueur et de la discipline dans l'exercice forcément libertaire d'un jeu auquel personne n'est réellement contraint de jouer. Ou, de façon plus imagée, cesser de vouloir gérer un camp romain avec trois péquenots en bon ordre mais bien seuls pour s'en remettre à la horde barbare.
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Comments
Diable, l'aurais je piqué au vif ?
Silky a réveillé Ivan
C'est la mode les pavés?
Apparemment. Les gens doivent trouver fun de laisser la presse dans un état lamentable pendant des jours avant de tous publier le même jour 😛
Oh eh ça va je me dois de respecter mon quota maximal d'un article tous les deux mois pendant ma retraite définitive !
Cuistre.
Pitin ça pavaystre sérieux là ....
Mais alors, XLV oeuvre pour le bien commun en détruisant les règles communautaires qui n'ont rien à voir avec le jeu !
Et dire qu'il est conspué par la majorité des "actifs" au sens darkthurien. Les vilains, ils sont donc responsables de cette déliquescence !!
♥ ♥ ♥ XLV Président ! ♥ ♥ ♥
A dans deux mois sinon.
Je suis d'accord sur bien des points. Voté.
je trouve que ton texte est plus compliqué que d'habitude.
Sérieux, qui va faire venir dix potes sur ce jeu? Je m'occupe des nouveaux, ca fait plaisir de les voir évoluer mais les voir aller vers rien, c'est pas facile.
Faut juste garder c'est un jeu à l'esprit et là, on ouvre les yeux sur beaucoup d'autres aspects, on se prend moins la tête et ça prend un sens. On est pas des professionnels d'un jeu, on est juste des joueurs.
Manque plus qu'un article de Papa Frantz et ce serait le nirvana cette journée. Qui a dit qu'on se faisait chier? 😁
Merci pour ce pavay qui éclaire un peu mes lanternes serait-ce le début d'un renouveau? Finalement le déclin supposé de la france tient a plusieurs causes et il ne tient qu'aux joueurs d'y remedier comment l'avenir nous le dira pour le moment jouons!
Si on considère la régénération des crottes de nez comme un renouveau perpétuel alors on peut être optimiste.
"Au lieu, en effet, d'avoir proposé une palette de niveaux de jeu, les nouveaux ont pu être submergés par l'ampleur des attentes à leur égard en termes de participation, et donc de temps à consacrer à ce qui ne reste qu'un bête divertissement, pas même intelligent. "
Je suis d'accord avec ça. J'ajouterai qu'on est tous inégaux avec nos disponibilités et on est bien loin des "juste 2 clicks par jour" qui était affiché sur l'accueil de la V1. Et surtout après 1300 jours d'existence on est bien loin de l'aspect pionnier de la chose qui pouvait être le ciment de la communauté. Si l'eFrance c'est "si tu l'aimes t'es actif ou tu la quitte" je pense que ça ne fera pas avancer le schmilblick.
Alors je sais je vais sortir une belle parole mais si on ne trouve pas un noyaux suffisamment fédérateur comme une politique plus proche des joueurs autre que le nationalisme qui ne fonctionnera pas de toute façon ici et qui pallie ce que j'appellerai les dysfonctionnements de cet eMonde et bien en effet le devenir de cette eFrance se résumera à la disponibilité de quelques membres Actifs qui compteront sur les quelques clicks de quelques égarés. Mais peut-être que c'est la seule option possible ici.
"Je suis d'accord sur bien des points. Voté." x2.
De toute façon, j'n'ai jamais compris pourquoi l'on voulait forcer dès le debut les nouveaux à aller faire leur SM, etc. Meme les non nouveaux d'ailleurs, comprendra qui me connait 😃.
A part ca, par certains moyens en tant que baby si la chance est avec soi, on peut le contourner. Je vais ici aussi prendre un exemple que je connais bien, moi:
J'ai découvert erep et le PK quasi en meme temps. J'avais deja lu et relu le site de gg_tk avant de m'inscrire, et c'est donc vers ce RP auquel j'accrochais particulièrement que je me dirigeai. Je suis passé comme tout le monde par #MinSol, je l'ai assailli de questions, mais je aussi par #pk et ses membres, du "tout ou rien" alors je n'avais pas connaissance: je faisais à peu pres ce que je voulais, et en plus de ca, j'avais deux chans où poser des questions et où recevoir de l'aide. En espérant que ca en inspire certains, n'empeche qu'au final si j'avais pas eu cette chance, je serais ptetre pas là a vous faire chier avec mon PK 😃 !
trop de mots.
bobo a la tete
En admiration sur la forme, pas forcément d'accord sur le fond.
En admiration sur le fond, pas forcément d'accord sur la forme
Bientôt deux ans que je traîne sur Erep. Un rapide passage par l'armée, une conscience politique (si tant est que cela existe)quasi nulle, même pas GM... bref ni Vieux Con (cf l'article de XLV) ni n00b, plutôt vieux n00b. Pourquoi je reste? Pour ne pas manquer le bimensuel de La Parisienne...
Je n'ai paa l'impression que la gestion de l'état soit si complexe que ça...Fut un temps où c'était vrai, mais ça ne l'est plus.
On a un Etat ? 😮
J'ai pas lu mais ça doit être très bien, donc j'ai voté pour faire plaisir à Ivan. Parce-que Ivan du rêve, quand même.
oai c'est un truc de bâtard.
Ouai alors si les jeunes font pas leur SM ils font quoi alors? C'est justement pour les POUSSER à alle sur IRC, et a poster sur le fofo, a décoivrir le role-play... Sinon eRep n'a que le gout de pain blanc -- ça manque de social et le SM ça aide pour ça!
Ecoute, j'ai vecu huit mois fabuleux sans SM, j'en ai meme quitté un en cours ! Et puis erep ne devrait pas etre sous le joug d'IRC....
cyrano, il y a quand même foule de joueurs qui se passent du forum et d'IRC et des initiatives sociétales. Elles ne sont là que pour pallier à une carence du jeu et peuvent attirer certains. Force est de constater que ce n'est pas la majorité (en même temps, il y a tellement peu de diversité dans ces initiatives que bon...).
J'ai vécu sans un soucis pendant 1 mois et demi environ sans connaître l'existence du forum et d'IRC. Cela ne m'a pas empêché de contacter meza/melkion pour devenir GM lorsqu'ils avaient besoin d'un gestionnaire.
Merci pour ces infos.
@NMD : pallier est transitif direct
http://www.synapse-fr.com/manuels/transitif_direct.htm
Merci 😁
Je rectifie donc :
"cyrano, il y a quand même foule de joueurs qui se passent du forum et d'IRC et des initiatives sociétales. Elles ne sont là que pour pallier une carence du jeu et peuvent attirer certains. Force est de constater que ce n'est pas la majorité (en même temps, il y a tellement peu de diversité dans ces initiatives que bon...).
J'ai vécu sans un soucis pendant 1 mois et demi environ sans connaître l'existence du forum et d'IRC. Cela ne m'a pas empêché de contacter meza/melkion pour devenir GM lorsqu'ils avaient besoin d'un gestionnaire."
Ca fait du bien un 'petit' article...
Par contre, pas sûr que la perte de peuple soit due aux instances politiques et à la 'pression' exercée par ces dernières. Cette pression à toujours existé, mais elle devient plus présente avec les nouvelles règles.
Avant, on avait pas que l'armée et la politique pour jouer.
Quelqu'un qui voulait s'inverstir moyennement, pouvait tout simplement augmenter son skill de travail, monter se boite, gérer le personnel, les marchés, se faire des brouzoufs, monter d'autres boites, gagner plus de brouzoufs, plus de personnel, etc...
Et taper un peu, comme ça, pour le plaisir, de temps en temps...
Avant, on pouvait acheter du gold...
Avant on avait la presse en première page, du coup tout le monde allait lire vite fait un ou deux articles, il y avait une vrai effervescence de la presse.
Désormais, un nouveau qui arrive, il a pas le choix...
Il y a plus de presse, plus de raisons de monter une boite et d'employer des gens (à la limite il la monte pour vivre en autarcie complète), plus de skill, plus d'évolution de salaire, il a que l'armée et son pays... ou sinon IRC, le forum, et tout ce qui est tempovore au possible...
Ca me motiverai pas personnellement...
Je reste juste parce que j'ai dépensé 1 an et demie de ma vie dans ce jeu et que j'aurai les boules de tout perdre, mais je n'ai vraiment plus aucune excitation dans le 'jeu' qu'on me propose actuellement. Alors un nouveau ?!
Tout cela n'est que le résultat d'un vaste complot MOULEsque ... Lorsque vous aurez complétement détruit le pays (ça c'est déjà fait) et la communauté (en cours), meza reviendra pour sauver notre Terre et La MOULE ressuscitera de sa coquille. MOUHAHAhaAHahaHAhahaAha !
.. ou pas
Superbe. Voté.
Gabriel, le prophète bivalve.
Le jour où meza revient, j'arrête mes conneries.
Le moment venu, on saura te le rappeler, Nya ! : D L'avenir de ce pays repose clairement sur un papyboom, quoique meza doit être bien pénard au Bel-Air, enchaînant les parties de pétanque et de bowling sur Wii. 😁
Je partage en grande partie le constat fait par Ivan. Dommage qu'un tel article ne recueille pas davantage de votes.
Il faut reconnaître que les perspectives de jeu pour les nouveaux joueurs sont moindres par rapport à ce que l'on a pu connaître par le passé. A l'époque de mon inscription, ce n'est pas tant le système de jeu qui m'a accroché, mais la communauté eFrançaise au travers notamment d'une presse dynamique et du forum.
Aujourd'hui plus que jamais eRep s'est recentré sur le module militaire et ses différents aspects, ce qui motive d'ailleurs notre démarche d'orientation des nouveaux joueurs vers l'armée. Les modules économique, journalistique et d'une certaine façon politique, bien qu'ayant toujours leur place, ont perdu en intérêt. Un nouveau venu aura du mal à y trouver de véritables challenges et, s'il n'est pas vraiment porté sur la guerre, tout porte à croire qu'il décrochera assez rapidement.
Depuis la V2 et ses avatars, notre pays s'est engagé dans une spirale décliniste entrecoupée de quelques rebonds de courte durée. Si nous avons évidemment notre part de responsabilité, cela tient aussi à un modèle de jeu et à la nature même de celui-ci qui a du mal à attirer certaines populations, contrairement à d'autres où le sentiment nationaliste est plus prononcé.
A nous en effet de réfléchir aux moyens de simplifier notre organisation, d'animer la communauté et rendre le jeu plus ludique (pléonasme s'il en est) et attractif pour les nouveaux, si nous souhaitons au moins conserver ceux qui sont là et nous rejoignent à défaut de recréer pour l'instant les conditions d'un grand babyboom.
J'ai tout lu mais je ne sais pas quoi en penser..
Quid de l'audace, de l'initiative personelle?
...ça a le mérite de ne pas être clair 😮)